La première fois que je me suis essayée à Proust (c'était il y a un bout de temps ! voire au siècle dernier), j'ai capitulé à la page 50... Cette fois je découvre que Proust peut être poétique, drôle, intéressant (enfin 1 fois toutes les 20 pages à peu près, mais ça m'a assez motivée pour continuer).
Et j'ai compris pourquoi tout le monde fait une fixette sur la madeleine de Proust : c'est à la page 88 ! Si ça se trouve, 75% des lecteurs ne sont pas allés plus loin...
Moi j'ai continué, et j'ai découvert des choses bizarres. Comme par exemple celle-là :
(p. 203 : le jeune Marcel erre dans la campagne, ses sens juvéniles en émoi, en priant le ciel (et le donjon du village voisin) de pouvoir croiser une jeune paysanne qu'il prendrait dans ses bras)
Hélas, c'était en vain que j'implorais le donjon de Roussainville, que je lui demandais de faire venir auprès de moi quelque enfant de son village, comme au seul confident que j'avais eu de mes premiers désirs, quand au haut de notre maison de Combray, dans le petit cabinet sentant l'iris, je ne voyais que sa tour au milieu du carreau de la fenêtre entrouverte, pendant qu'avec les hésitations héroïques du voyageur qui entreprend une exploration ou du désespéré qui se suicide, défaillant, je me frayais en moi-même une route inconnue et que je croyais mortelle, jusqu'au moment où une trace naturelle comme celle d'un colimaçon s'ajoutait aux feuilles du cassis sauvage qui se penchaient jusqu'à moi.
Et j'ai découvert que Marcel et moi on avait à peu près les mêmes idées sur la littérature. Mais ça je t'en parlerai la prochaine fois !
(Photo de Marcel Proust par Paul Nadar)